Huiles essentielles: pratiques frauduleuses

Les huiles essentielles : pratiques frauduleuses

 

Comme tout négoce, les huiles essentielles font l’objet de pratiques frauduleuses diverses. L’ingéniosité des chimistes est sans limites : les tromperies portent sur l’appellation commerciale, des adjonctions pour diminuer le coût de fabrication (et augmenter d’autant la plus-value) ou pour corriger des écarts d’analyse ou encore pour augmenter la valeur olfactive s’il s’agit par exemple de rafraîchir un lot ancien. Cette article n’est pas exhaustif mais décrit les principales techniques utilisées et constitue une mise en garde pour l’utilisateur qui doit se montrer vigilant au moment de ses achats.

Deux raisons principales à la fraude : les huiles essentielles sont souvent vendues sur internet à bas prix et sans contrôle possible par le client. Le circuit de distribution est parfois complexe et fait intervenir de multiples intermédiaires tous susceptibles de réaliser des coupages par exemple.


Les tromperies sur l’appellation commerciale 

Elles interviennent quand une variété botanique est utilisée en remplacement d’une autre alors que l’appellation vernaculaire est identique. La dénomination latine n’est pas portée sur l’étiquetage. C’est imparable et plus fréquent qu’on ne le pense.
C’est par exemple le cas du Santal. L’huile essentielle de Santal blanc des Indes (Santalum album) est l’une des plus chères. Elle est couramment coupée avec du Santal originaire d’Australie (S. spicatum) ou de Nouvelle-Calédonie (S. neocaledonicum) certes d’une qualité identique mais d’un prix de revient plus bas.

Les pratiques frauduleuses par adjonctions 

Dans ce cas on va utiliser les similitudes chimiques qu’ont les huiles essentielles issues de parties différentes d’une même plante. On ajoute ainsi de l’huile essentielle de feuille de girofle dans celle de clous. Des techniques suffisamment fines permettent de corriger ensuite certains défauts au niveau olfactif (une note trop boisé par exemple) ou physico-chimique (pour obtenir le pouvoir rotatoire désiré).

Pour corriger les écarts d’analyse
Ceux-ci surviennent lorsqu’il s’agit de remettre au niveau d’une norme une huile essentielle de qualité médiocre à l’origine. Les corrections s’effectuent à l’aide de produits de synthèse, d’huiles minérales, de térébenthine ou de solvants.

Pour corriger la valeur olfactive
Des « bouquets », composés de constituants olfactivement très puissants, sont utilisés pour corriger une huile essentielle dite « plate » pour restituer sa note olfactive ou sa fraîcheur si le lot s’avère ancien.

L’ajout de composés naturels ou artificiels détectables ou non
Certains ajouts sont difficilement détectables par les techniques d’analyse habituelles et nécessiteront des investigations plus poussées. Certaines fraudes sont aisément détectées : ainsi l’ajout de produits gras est mis en évidence par l’analyse de la tache sur une simple feuille de papier. Il suffit de déposer quelques gouttes de l’huile essentielle sur le papier. S’il n’y a pas d’ajout, tout doit s’évaporer, s’il reste une tache rendant le papier opalescent, c’est qu’une huile végétale grasse a été ajoutée. De la même façon, lors de la fabrication d’un parfum, une huile mélangée avec de l’alcool éthylique déphase si elle contient une fraction d’huile végétale (surnageant) ou un produit plus lourd comme un solvant (phase inférieure).

Quant à l’ajout d’alcool, une fraude courante, elle se détecte en agitant quelques millilitres de l’huile essentielle avec des cristaux de chlorure de sodium. L’observation d’une couche distincte signe la présence d’alcool qu’un « nez » exercé aura peut-être détecté au préalable.

Le cas de l’huile essentielle de Rose est emblématique : Les huiles essentielles de Rose (Rosa damascena et Rosa centifolia), de très haute valeur ajoutée, contiennent plus de 400 constituants mais tous n’amènent pas la même contribution olfactive à l’ensemble. Le coupage le plus ancien consistait à utiliser un mélange d’huile essentielle de Palmarosa et de bois de Gaïac auquel on ajoutait du blanc de baleine. Les techniques actuelles plus complexes consistent à définir une formule conforme à la chromatographie désirée (adjonction de géraniol et de citronnellol), à calculer la proportion HE naturelle / HE reconstituée, à ajuster la valeur olfactive à l’aide de « bouquets rose » puis enfin à ajuster les paramètres physico-chimiques à l’aide de l’huile essentielle de bois de gaïac. Le (sale) tour est joué !


Conduite à tenir face à ces pratiques frauduleuses 

Toutes les huiles essentielles sont susceptibles de faire l’objet de fraudes, d’être coupées par des solvants chimiques (phtalates potentiellement cancérigènes, éthers de glycols…) ou par d’autres huiles essentielles (bois de Hô, térébenthine, bois de cèdre).
Certaines entreprises ne sont pas équipées des moyens de contrôle permettant de garantir une qualité irréprochable.
Tout praticien de l’aromathérapie se doit de demander à ses fournisseurs les bulletins de contrôle (chromatographies en phase gazeuse couplées à la spectrométrie de masse notamment).
L’aromathérapie est une science difficile et exigeante sur la qualité de ses matières premières. Tirer le bienfait de ces merveilles de la nature en découle.
Quant au simple utilisateur qui prend en charge son bien-être, qu’il se réfère aux sources d’information autorisées, qu’il demande avis à son conseiller en aromathérapie, qu’il fasse surtout attention au circuit de distribution : privilégier les producteurs sérieux qui font bien leur travail. Qu’on se rassure, ils existent dans nos belles régions…


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