Les huiles essentielles : normes et contrôle de qualité
Le contrôle de qualité d’une HE repose sur l’élaboration de normes. Force est de constater que celles-ci se sont multipliées au niveau national ou européen, sans parler des labels « bio » ou des référentiels créés par les laboratoires. Pour le consommateur, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.
Historiquement, compte tenu du développement de la parfumerie notamment dans la région de Grasse, la France a été à l’origine des premières normes.
« …et il racontait toujours et encore ses distillations, en rase campagne, la nuit, au clair de lune, accompagnées de vin et du chant des cigales, et parlait d’une huile de lavande qu’il avait fabriquée là et qui était si fine qu’on lui en avait donné son poids d’argent. »
Patrick Süskind, Le Parfum
Heureux qui, comme le héros de Patrick Süskind, pouvait distiller à la nuitée…
Les pharmacopées
Les pharmacopées (française, européenne et mondiale) sont des recueils à caractère réglementaire destinées aux pharmaciens, mais peu d’huiles essentielles sont actuellement inscrites : 7 seulement dans la 11ème édition française, auxquelles il faut ajouter des huiles essentielles à usage réservé à la pharmacie. Les critères de qualité sont assez simples et ne constituent pas, de part leur caractère limité, une base de référence. La seule garantie recherchée est la non toxicité.
Les données bibliographiques comme références
Les données bibliographiques issues des travaux scientifiques, quand ils sont indépendants des pressions économiques et commerciales, servent de références par exemple pour utiliser des traceurs de pureté. On recherche notamment la présence d’alpha-santalène dans l’huile essentielle de lavande fine authentique, ce dont les normes des organismes professionnelles ne tiennent pas compte.
Les normes des organismes professionnels
Il s’agit des normes AFNOR (Association Française de Normalisation), ISO (International Organization for Standarzization) et CEN (Comité Européen de Normalisation).
Qui élabore ces normes ?
Au sein de l’AFNOR, des commissions composées de spécialistes reconnus dans leur domaine d’activité en l’occurrence les principaux opérateurs de la filière. Les textes de l’AFNOR sont ensuite repris au niveau européen ou mondial d’où leur importance.
Plus précisément, l’élaboration d’une norme peut prendre plusieurs mois, le temps de trouver un compromis dans les termes qui assurent un niveau minimum de qualité accepté par tous pour faciliter ultérieurement les échanges commerciaux.
Autrement dit la norme AFNOR ne garantit pas la pureté absolue d’une huile essentielle mais simplement un niveau minimal de qualité accepté par tous. Le compromis obtenu résulte en grande partie de contraintes économiques et commerciales.
Se pose enfin le problème de la neutralité des experts qui siègent dans ces commissions qui peuvent être salariés d’entreprises impliquées dans le commerce des huiles essentielles.
En conclusion, bien qu’ils s’agissent de normes officielles de qualité, pourrait mieux faire.
Autres critères : HECT, HEBBD, EOBBD, QBI ou HESD…
Un certains nombres de critères de qualité ont été définis dans les années 1980 et 1990 par des laboratoires.
Ainsi le label HEBBD pour Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie a été créé pour les marques Phytosun’aroms ou Oméga Pharma. Ce label précise l’espèce botanique, l’organe producteur et le chémotype.
Le label HECT pour Huile Essentielle ChémoTypée a été conçu par Dominique Baudoux pour Pranarôm. Ce label reprend les mêmes critères que le précédent en les complétant par l’origine géographique, le mode de culture et le stade de développement botanique.
Ces appellations n’ont plus de raison d’être mais se justifiaient à l’époque car la notion de chémotypes* n’avait pas encore été prise en compte.
Pour finir, le label QBI élaboré par Daniel Pénoël pour Osmobiose définit des huiles essentielles 100% pures et naturelles totales et non rectifiées (sans parabens et sans additifs), non testées sur des animaux, non fractionnées et sélectionnées selon 7 critères : botanique, écologique, géographique, humain, biochimique, physique et physique quantique.
Le label EOBBD de Panacea Pharma met l’accent sur l’absence de pesticides, le label HESD d’Eona privilégie l’origine biologique.
Les labels de production ou labels bio
La culture biologique apparaît de plus en plus comme la seule solution d’avenir. La mise en place par des organismes agréés de labels définissant les modes de production est… essentielle.
En effet, les résidus de pesticides contenus dans les plantes, entraînés par la vapeur d’eau lors de la distillation ou l’extraction à froid des zestes par des procédés mécaniques, se retrouvent dans l’huile essentielle sans que l’on sache comment ils interagissent avec les molécules biochimiques de la plante. Il est important de privilégier des plantes et des huiles essentielles certifiées 100% biologiques. Des études ont montré la présence de nombreux pesticides (organochlorés et phosphorés) dans des plantes non traitées mais cultivées sur des sols contaminés. Seuls des fertilisants naturels maintiennent le taux d’humus du sol, assurent son équilibre organo-minéral, sa richesse en oligo-éléments assimilables renforçant les défenses naturelles de la plante.
La cueillette de plantes sauvages doit se faire dans des zones éloignées de toutes sources de pollution (nappes phréatiques polluées par des produits de l’agriculture industrielle par exemple).
La plante doit être, si le distillateur a fait le choix du bio, certifiée 100% biologique par un organisme agréé, permettant un contrôle indépendant et délivrant le label bio.
Principaux labels
L’organisme français le plus connu est ECOCERT.
La Norme de la Communauté Européenne (logo euro feuille) remplace la norme AB décernée par le ministère de l’agriculture française. Cette norme certifie une culture sans engrais chimiques, pesticides ou herbicides.
La mention Nature et Progrès prend en compte des aspects environnementaux, sociaux et économiques concernant le produit mais aussi l’entreprise.
La mention internationale Demeter met en avant des critères de la biodynamie (Rudolf Steiner).
Enfin le syndicat des simples a élaboré un recueil de pratiques et de savoir-faire pour encadrer chaque étape de la production (cueillette, techniques utilisées et soucieuses de l’environnement).
Là encore, le label bio n’est pas un gage absolu de la qualité d’une huile essentielle.
Reste que chaque opérateur, à chaque maillon de la chaîne, doit être capable de présenter et de justifier la provenance des huiles essentielles. La traçabilité est obligatoire, le numéro de lot permet de suivre la plante de la terre à l’utilisateur.
*Justement que sont les chémotypes ?
Ils constituent à l’intérieur de chaque espèce des races chimiques possédant chacune un équipement enzymatique particulier, déterminé génétiquement qui oriente la biosynthèse vers la formation préférentielle d’un constituant précis. Ainsi, une même plante dans des lieux différents peut sécréter des essences biochimiquement et olfactivement différentes en fonction de l’ensoleillement, du climat, de la composition su sol ou de l’altitude avec des propriétés et indications d’utilisation différentes.
Aujourd’hui toutes les huiles essentielles correctement contrôlées et issus de négoce sérieux ont leur espèce botanique, l’organe producteur, la spécificité biochimique et le chémotype connus. Seule l’analyse chromatographique permet de définir le profil biochimique d’une huile essentielle et de définir la notion d’huile essentielle chémotypée qu’il y ait ou non des chémotypes caractérisés dans l’espèce végétale.
Il ne faut donc pas confondre l’huile essentielle chémotypée et le chémotype de l’huile essentielle.
Au-delà des normes, « comprendre » l’huile essentielle
Au-delà de toutes ces normes, le passionné d’huiles essentielles doit pour les utiliser en saisir « l’essence », les connaître et les comprendre. L’huile essentielle est à la fois une matière (elle contient des molécules aromatiques), une énergie vitale (elle émet des vibrations) et une information (les odeurs des huiles essentielles véhiculent un message puissant).
La fréquence de chaque odeur est une information vibratoire précise. Autrement dit respirer ces odeurs influence la qualité énergétique de l’air inspiré. Il est admis que les huiles essentielles émettent des rayonnements électromagnétiques dont les longueurs d’ondes varient selon les molécules qu’elles contiennent. La mesure du pouvoir vibratoire des huiles essentielles est classiquement effectuée par radiesthésie. Il est variable selon que la matière médicale est sauvage, bio ou falsifiée.
Nul doute que vous trouverez en fonction de ce que vous recherchez dans l’usage des huiles essentielles et de votre éthique de vie, au-delà des différentes normes, ce qui vous conviendra.
La nature est à notre écoute, sachons la comprendre.
Ce qu’est pour nous
Le doux chant d’automne des criquets
C’est ce que nous sommes pour les arbres
Et c’est ce qu’eux-mêmes sont
Pour les rochers et les collines.
Gary Snyder (They’re listening)
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Merci pour cet article qui nous donne une vision complète.
C’est tout-à-fait ça, une huile essentielle est vivante, et comme tout vivant, elle est plus que la somme de ses composantes. Comprendre ceci est une condition essentielle pour utiliser efficacement les huiles essentielles et obtenir une action profonde, durable et respectueuse de l’être multidimensionnel que nous sommes.
Thank you very much