Le Galbanum, huile sacrée et secret de parfumeur
Le Galbanum, œuvre de parfumeur et musique de l’âme
Les parfums liturgiques composés de Galbanum, de Benjoin et d’Encens étaient considérés comme éminemment saints. Leur utilisation profane était strictement prohibée et entraînait l’excommunication. Leurs origines remontent aux paroles du Seigneur à Moïse dans l’Exode : « Procure-toi des aromates : benjoin, ambre, galbanum aromatique et encens à parties égales. Tu en feras un encens salé, pur et saint. C’est une œuvre de parfumeur ».
Vapeurs bibliques, senteurs monacales, effluves édéniques. Le parfum retrouve ainsi sa vocation originelle : communiquer avec l’invisible et élever l’esprit.
L’un des objectifs de l’usage de ces parfums liturgiques était d’établir un contact entre Dieu et les humains à travers la fumée, la vocation première du parfum « per fume » était bien de s’adresser aux instances supérieures ou, à tout le moins, d’élever l’esprit. D’où l’omniprésence dans l’Ancien Testament notamment des gommes résines à brûler, comme le Galbanum ; l’Encens, le Styrax (c’est-à-dire le Benjoin), le Lentisque ou la Myrrhe.
Se réapproprier cette approche et redécouvrir les chemins qui mènent à l’élévation de l’esprit passent par exemple par l’écoute d’une Passion de Bach ou, en ce qui nous concerne aujourd’hui, par l’usage du Galbanum en olfaction, qui semble judicieux tant ces trésors olfactifs évoqués dans toutes les religions imprègnent l’inconscient collectif. Ainsi l’huile d’onction destinée à la consécration des rois juifs contenait des huiles royales dont le Galbanum mais aussi l’Ambre, le Mastic ou l’Oliban.
D’où vient le Galbanum que l’on retrouve ainsi à deux reprises dans des usages sacrés ?
Le galbanum ou la férule gommeuse
L’huile essentielle de Galbanum est tirée de la racine d’une plante originaire d’Iran et d’Afghanistan qui contient une gomme : la férule gommeuse (Ferula gummosa). Elle est obtenue en incisant les racines de la plante, mais on peut aussi pratiquer des incisions dans la tige. La gomme, de consistance visqueuse, est ensuite distillée pour obtenir l’huile essentielle.
Le Galbanum appartient à la famille des Apiaceæ (anciennement Ombellifères). C’est une plante vivace à longue racine pivotante. Ses fleurs jaunes dégagent curieusement une odeur déplaisante et sont pollinisées par les mouches. Une ancienne légende raconte que cette odeur ferait fuir les serpents et… le diable. D’où l’usage qui consistait à brûler dans les étables du bois de Cèdre et du Galbanum pour éloigner les vipères et les animaux nuisibles.
L’odeur de l’huile essentielle est verte, amère, terreuse même, assez montante et prenante, elle évoque les conifères avec un côté balsamique. Elle est utilisée en parfumerie pour la reconstitution de notes florales, perceptibles dans un second temps (on retrouve la jacinthe, le narcisse ou le gardénia).
Le Galbanum était un des multiples constituants de la thériaque (un contre poison) et du diascordium (thériaque simplifiée mais additionnée d’opium) de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIème siècle.
Les usages profanes du Galbanum
L’huile essentielle de Galbanum, riche en monoterpènes (jusqu’à 80%), surtout alpha et bêta-pinène, possède des propriétés anti-infectieuses, antalgiques, anti-inflammatoires et antispasmodiques. Elle est aussi emménagogue, carminative et stimulante. Elle est utilisée dans certaines pathologies digestives (flatulences, coliques), respiratoires (bronchites) ou dans le traitement des plaies purulentes, des ulcères ou des escarres. En massage dans une huile végétale, elle améliore les douleurs rhumatismales ou musculaires ainsi que la circulation veineuse.
Il n’y a aucune contre-indication à son usage. Les peaux sensibles peuvent toutefois montrer de légères irritations lors d’un usage à l’état pur et de manière prolongée.
En olfaction : des profondeurs vers la lumière
L’huile essentielle ne laisse pas indifférent tant son odeur est puissante. Son affinité avec le Nard est évidente, cette autre huile sacrée qui engendre des réactions fortes en nous mettant au contact de nos résistances et peurs profondes. Cependant, contrairement au Nard qui nous pousse vers un voyage introspectif, une descente vers les profondeurs, le Galbanum nous pousse à l’action, fait jaillir l’énergie qui est en nous et permet ainsi de remonter de ces profondeurs et d’emprunter les routes sacrées vers la Lumière.
Autrement dit, « Ça suffit ! Lève-toi et marche ». À ce titre, le Galbanum est bien un remède de choc. Mais attention, tout le monde n’est pas prêt à travailler cette huile essentielle, le chemin est parfois difficile, l’introspection cruelle.
Humer régulièrement son arôme permettrait aux personnes qui se sentent écrasées et dominées par les autres ou qui cultivent une attitude de victime, à en prendre conscience, à apporter de la clarté et à changer d’attitude.
Malgré sa richesse et ses possibilités, cette huile essentielle est injustement oubliée de l’aromathérapie contemporaine. Allez à sa découverte !
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