La route de l’Encens et de la Myrrhe (partie 1)
La myrrhe et l’encens, de la famille des Burseraceæ, sont deux espèces aux valeurs symboliques fortes, connues depuis les pharaons et les Assyriens en Mésopotamie jusqu’aux trois grandes religions monothéistes actuelles.
« Mets de la myrrhe sur ton front, revêts toi de lin blanc, parfume toi avec les merveilles véritables ». (Chant égyptien, deuxième millénaire av. J.-C.)
Selon la mythologie, la myrrhe tire son nom de Myrrha, fille d’un roi de Chypre, qui est changée en arbre par les Dieux pour avoir commis un inceste. Ses pleurs constitueraient la myrrhe.
La myrrhe est une résine produite par un arbuste : Commiphora myrrha provenant d’incisions pratiquées sur l’arbre. Ces « larmes » comparables aux suintements des blessures signaient pour les anciens son usage pour le traitement des plaies et les soins de la peau. L’arbuste pousse dans les régions tropicales arides notamment le long des côtes de la mer Rouge et les déserts de Somalie. C’est un arbuste d’un aspect rabougri, au tronc noueux, les branches irrégulières se terminent par des ramilles épineuses. La gomme s’écoule à partir de cavités situées dans l’écorce. Cette gomme oléorésineuse épaisse et blanchâtre durcit à l’air sous la forme d’une masse d’une odeur balsamique, opaque, irrégulière, d’une couleur jaune clair.
Selon la zone de production on distingue la myrrhe amère, la myrrhe douce ou opopanax. Seule la variété amère constitue la myrrhe véritable et officinale.
La distillation à la vapeur d’eau de la matière première aromatique permet d’obtenir une huile essentielle jaune dorée parfois rouge foncé.
De la myrrhe des Egyptiens…
Les Egyptiens furent les premiers à utiliser la myrrhe comme parfum associé au lotus et au lys, pour embaumer les morts et pour la momification. La myrrhe composait un encens sacré, le kyphi. Dans les temples, à l’aube, les prêtres brûlaient de la myrrhe lors du culte d’adoration du Dieu Soleil, Râ. Elle entrait dans la préparation de toutes sortes d’onguents pour ses propriétés astringentes, régénérantes et cicatrisantes.
Plus tard les Juifs devaient la mélanger au vin pour soulager les souffrances des mourants. Le breuvage obtenu était sédatif.
Dans la civilisation judéo-chrétienne, sa charge symbolique est prégnante : les Rois Mages, au moment de la nativité, offrent de la myrrhe à l’enfant Jésus. Après la mort du Christ, son corps est embaumé par une préparation à base de myrrhe et d’aloès. Présente au commencement et à la fin, la myrrhe représente le double symbolique de la vie et de la mort.
…à son usage en aromathérapie
L’huile essentielle de Myrrhe contient des hydrocarbures alcaniques ou terpéniques. La composition varie selon la souche botanique, le lieu de récolte, les conditions de conservation et le mode d’extraction.
Elle est indiquée dans les inflammations notamment bucco-pharyngées et digestives, respiratoires, ainsi que cutanées et articulaires. Elle peut être associée avec des huiles essentielles de Petit grain bigarade, de Gaulthérie ou de Laurier noble en massage antidouleur dans une huile végétale.
Attention : L’huile essentielle de Myrrhe peut provoquer chez des personnes ayant une peau sensible des irritations cutanées, il est usuel de l’utiliser diluée. Elle ne sera pas utilisée chez la femme enceinte, elle peut être abortive du fait de sa capacité à stimuler l’utérus et chez la femme qui allaite par précaution.
Le voyage olfactif
Inhalée, l’huile essentielle de Myrrhe relâche les muscles de la mâchoire, or ceux-ci sont souvent contractés chez les personnes dont les émotions sont refoulées. Puis ce relâchement se poursuit au niveau de l’estomac et du diaphragme : la respiration devient plus aisée, s’amplifie et se prolonge jusqu’au bas ventre. Prendre l’habitude de respirer avec l’abdomen comme nous apprennent les maîtres du Tai-chi permet de retrouver un cycle naturel de notre enfance que nous avons trop tendance à oublier par la suite.
Pour terminer, quelques exemples de synergies utilisables en inhalation ou en massage pour apaiser les angoisses psychiques des personnes âgées seules ou en fin de vie : la Myrrhe se combine harmonieusement avec l’Encens, le Néroli, la Rose, la Bergamote, la Mélisse ou l’Ylang-ylang.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire Correspondances (Les Fleurs du mal)
Suite de notre route avec l’huile essentielle d’Encens Oliban dans un prochain article.
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