Hatchepsout sur la route de l'Encens

La route de l’Encens et de la Myrrhe (partie 2)

L’Encens et le poète

On raconte qu’à la fin de sa vie, renonçant à la vie mondaine, Bashô se retire dans un monastère près d’Osaka. Il y plante un bananier, un bashô, il cesse peu à peu de s’alimenter et brûle de l’Encens. À l’image de sa poésie, ses derniers instants sont faits de détachement. De l’extrême attention à la nature suscitée par les fumées d’Encens naîtra un dernier haïku au bord du vide comme une intuition soudaine.

Per fumum par la fumée qui a donné le mot parfum. L’odeur de l’Encens est obtenue par combustion. L’Encens véritable ou Oliban est une résine récoltée par incision pratiquée sur un arbuste du genre Boswellia de la famille des Burseraceæ qui pousse dans la Péninsule arabique et en Somalie.

L’Encens, des dieux et des hommes

Les textes les plus anciens témoignent de l’utilisation de l’Encens dans les cultes rendus aux dieux. Selon Hérodote, l’Encens était destiné à honorer le dieu Bêl dans son temple à Babylone.

Sous les pharaons les prêtres accomplissaient la fumigation de l’Encens dans les temples. L’arbre à Encens ne poussant pas en Égypte, il était nécessaire d’organiser des expéditions pour s’en procurer. Ainsi vers 1500 av. J.-C., sous le règne d’Hatchepsout, les Égyptiens ramenèrent du pays de Pount (aux confins de la Somalie et de l’Éthiopie actuelles) des quantités énormes d’Encens mais aussi de Myrrhe et de Cannelle ainsi que des arbres à résines. La route de l’Encens et de la Myrrhe était ouverte.

Le transport est facilité ensuite par la domestication du dromadaire qui permet d’ouvrir une voie sur près de 3000 km depuis la côte sud de la péninsule arabique par Médine et la Mecque jusqu’au port de Gaza. Le voyage durait 2 à 3 mois, chaque dromadaire portant jusqu’à 200 kg d’Encens. La route fut empruntée jusqu’à l’avènement de l’islam.

Les arabes protégèrent, après l’Hégire, le secret des sources de l’Encens afin de contrôler un commerce devenu lucratif : la valeur de l’Encens pouvait dépasser celle de l’or. Hérodote rapporte d’étranges légendes :

« L’Arabie est, du côté du midi, le dernier pays habité, et de tous, c’est le seul qui produise l’encens, la myrrhe, la cannelle, le cinnamome, le ledanon ; sauf la myrrhe, les Arabes recueillent difficilement toutes ces choses. Ils obtiennent l’encens au moyen de la vapeur de styrax que leur apportent les Grecs et les Phéniciens. Ils brûlent le styrax et prennent l’encens, car l’arbre qui le porte est gardé par des serpents volants petits et bigarrés ; il y en a une multitude autour de chaque arbre. Ce sont les mêmes serpents qui font irruption en Égypte ; rien ne peut les éloigner des arbres si ce n’est la vapeur du styrax. »

En Chine, on utilisera l’Oliban mélangé au Benjoin et à la Myrrhe de façon à constituer six espèces d’encens nommés tranquille, reclus, luxueux, esthétique, raffiné et noble.


Usage en aromathérapie de l’Encens

L’Encens contient des mono et des sesquiterpènes, des monoterpénones et des cétones aux propriétés désinfectantes en diffusion, décongestionnantes des voies respiratoires, cicatrisantes ou immunostimulantes.

Véritable clé de voûte olfactive, l’Encens s’utilise également avec d’autres huiles essentielles dans des synergies énergisantes, anti inflammatoires, antalgiques, cicatrisantes pour la peau ou pour guérir les blessures de l’âme.

Ainsi, pour faire face à une grande journée, on choisira d’associer l’Encens avec du Basilic exotique et du Laurier noble (2 gouttes de chaque) dans une HV de Noyaux d’abricot en massage du bas du dos.

En cas de déchirure musculaire, la synergie Immortelle, Gaulthérie et Encens dans une HV de Macadamia fonctionne très bien en application locale à raison de 4 gouttes du mélange 3 à 4 fois par jour.

Sur la peau, l’huile essentielle d’Encens fait des merveilles pour retarder le vieillissement de l’épiderme et pour combler les rides.

Enfin, si vous vous sentez fragile (harcèlement moral, dépendance, choc brutal) ou si vous avez du mal à faire des choix, appliquer 3 à 4 gouttes d’Encens de part et d’autre de la colonne vertébrale et masser en remontant du sacrum à la nuque ou en application sur les plexus nerveux.


Le voyage olfactif

L’Encens va dissiper les lourdeurs de l’esprit, aérer et amener à une sensation de vacuité. En ralentissant et en amplifiant la respiration, l’Encens crée un moment d’intériorité tranquille et nous fait « ralentir », permettant peut-être de retrouver l’intuition soudaine vécue par Bashô…

Les fleurs de quel arbre
Impossible de savoir
Mais un tel parfum !
Bashô (Derniers Haïkus)


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