L'aromathérapie est une médecine de terrain

L’aromathérapie est une médecine de terrain

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Médecine de terrain : définition

Quand on aborde l’usage thérapeutique des huiles essentielles, il est un domaine qui n’est pas toujours bien pris en considération : c’est celui du terrain.
Proposé par Hippocrate, développé par les homéopathes ultérieurement la notion de terrain a continué à évoluer jusqu’aux travaux récents de Duraffourd et Lapraz et la définition de l’endobiogénie.

Pour expliquer ce qu’est une médecine de terrain prenons l’image d’une zone boisée et de hautes herbes infestée de tiques, vectrices de la maladie de Lyme. La médecine classique qui prône une thérapeutique substitutive préconiserait la destruction massive des tiques vectrices de la maladie par un insecticide puissant, une médecine de terrain, quant à elle, visera à rendre le développement des larves et la vie des tiques impossibles. Pour cela on traitera le « terrain » en étudiant notamment l’écosystème des tiques (étude des hôtes reproducteurs : rongeurs, cervidés, oiseaux migrateurs, couverture végétale, taux d’humidité) en rendant la thérapeutique utilisée non seulement durable mais aussi efficace.

 

D’Hippocrate à Hahnemann, une approche millénaire

Hippocrate reprenant la théorie pythagoricienne des humeurs classe les individus en tendances. L’ensemble des phénomènes vitaux est sous la dépendance de quatre grands tempéraments : le sanguin, le bilieux, le nerveux et le lymphatique. Deux de ces tempéraments dominent le plus souvent en chacun de nous. Toute rupture de leur équilibre engendre, selon Hippocrate, la maladie. Le praticien en médecine de terrain pourra ainsi si le patient possède un ou plusieurs tempéraments choisir des huiles essentielles pour rétablir l’équilibre et le ré harmoniser.

Ouvrez un livre sur l’homéopathie, très vite vous trouverez exposer les notions de constitutions, de diathèses ou de spécificités. L’homéopathe dans sa pratique quotidienne considère la notion de terrain comme prépondérante. Les constitutions les plus connues (phosphorique, carbonique, fluorique) permettent de prévoir le devenir pathologique d’un patient et d’orienter le thérapeutique vers certains remèdes là encore apparentés à ces constitutions. Le remède est également individualisé en déterminant le profil spécifique du malade c’est-à-dire l’ensemble de ses particularités héréditaires ou acquises. Ainsi l’homéopathe utilise les huiles essentielles comme remèdes de terrain, capables de corriger par exemple l’équilibre acido-basique du malade afin d’empêcher le développement de la maladie.

 

L’endobiogénie

Il y a plus de quarante ans deux médecins ont jeté les bases de l’endobiogénie en cherchant à clarifier cette notion de terrain qui restait flou à leurs yeux. Selon Christian Duraffourd et Jean Claude Lapraz, le terrain est « l’ensemble des systèmes qui, dans l’organisme, permet à l’homme de conserver intact et constant son milieu intérieur, face au monde extérieur dans lequel il vit ». Par endobiogénie, il faut entendre « l’expression fonctionnelle basale des capacités potentielles de l’ensemble vivant, constitutif de l’être structuré à partir de l’héritage génétique et qui confère son équilibre physiologique de référence ».

Autrement dit, ce qui assure la constance, la stabilité, l’intégrité d’un être vivant face aux multiples sollicitations, perturbations venant aussi bien de l’intérieur (le bagage héréditaire) comme de l’extérieur (stress, pollution, mauvaise alimentation, virus…) et ce par la biais d’un rééquilibrage permanent, incessant. Cela suppose, selon cette théorie, un système coordonnateur de tous les systèmes de l’organisme, capable d’assurer liaison, échange d’information entre les différents systèmes. Cette coordination existe, c’est celle du système endocrinien.

Décrypter le fonctionnement hormonal est donc fondamental : surrénales, thyroïde, gonades et système de croissance s’interconnectent en permanence, si l’un d’eux est défaillant, face à une agression ou une sollicitation, cela entraine un déséquilibre qui conduit à un état prédisposant à la maladie. En analysant le système hormonal, l’endobiogénie permet d’intervenir en amont de la maladie.

 

Deux propriétés des huiles essentielles qui renouvellent la notion de terrain

C’est deux propriétés doivent être présentes à l’esprit du thérapeute en tant que praticien de terrain.

 

  1. Activité antiseptique et antimicrobienne des huiles essentielles

Des expériences ont montré que la concentration minimale inhibitrice (plus faible concentration capable d’inhiber la croissance d’un germe) de l’huile essentielle est toujours inférieure à celle de son constituant principal, ce qui revient à dire que l’activité antibactérienne de l’huile essentielle est toujours supérieure à celle de son constituant principal.

Ces résultats mettent un bémol à la théorie des chémotypes et à l’approche purement biochimique des huiles essentielles. Ainsi, dire que les huiles essentielles contenant des phénols (type thymol ou carvacrol) ou des alcools monoterpéniques assurent une bactériostase à des dilutions très faibles n’est pas faux en soit mais il faut garder à l’esprit que les huiles essentielles dans leur globalité seront plus efficaces. Par exemple : l’Arbre à thé (Melaleuca alternifolia), le Thym à thymol (Thymus vulgaris CT thymol), capable, comme le Curcuma (Curcuma longa) d’inhiber le développement d’Helicobacter pylori, responsable de l’ulcère de l’estomac ou encore l’Origan compact (Origanum compactum) ou la Sarriette des montagnes (Satureja montana).

En outre la résistance des bactéries aux huiles essentielles est quasi-nulle.

En effet, si l’antibiotique allopathique exerce son action par contact direct avec la germe par voie générale ou locale, l’huile essentielle agit sans action bactéricide directe hormis par voie locale sur une plaie infectée.

Par voie générale, tout se passe comme si l’huile essentielle agissait sur le terrain du malade en modifiant biologiquement le milieu infecté limitant ainsi les possibilités de développement du germe tout en facilitant l’activité macrophagique (de défense) de l’organisme.

On a pu ainsi observer qu’à la guérison des symptômes de l’infection bactériologique, tout un ensemble de signes cliniques n’ayant rien à voir avec l’infection considérée s’amélioraient également. Preuve que l’huile essentielle a, en tant que modificateur de terrain, des actions extrêmement générales sur l’ensemble des mécanismes de régulation de l’organisme.

 

  1. Les huiles essentielles et le système endocrinien

Ce qui nous amène à étudier les relations entre huiles essentielles et le système hormonal pour en revenir à la théorie de l’endobiogénie. Rappelons tout d’abord que, du point de vue des praticiens en médecine naturelle holistique, des liens étroits existent entre le système endocrinien, le système nerveux (central et autonome) et le système immunitaire.

Certaines huiles essentielles renferment des substances hormonales analogues, conférant par exemple des propriétés œstrogen-like pour la Sauge sclarée ou officinale (Salvia sclarea ou S. officinalis).

Mais indépendamment de cela, elles agissent comme des hormones végétales présentes dans le sang à des concentrations très faibles et qui atteignent les tissus spécifiques régulant la croissance et l’activité métabolique. Elles deviennent ainsi des facteurs de régulation et de rétablissement d’un déséquilibre fonctionnel.

Leur effet sur les glandes endocrines est inhibiteur ou stimulant. Ainsi, les huiles essentielles de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), d’Épinette noire (Picea mariana), de Sarriette des montagnes (Satureja montana), de Thym à thymol (Thymus vulgaris thyomoliferum) ou de Romarin à verbérone (Rosmarinus officinalis verbenoniferum) stimulent la corticosurrénale tandis que l’huile essentielle de Menthe poivrée (Mentha piperita) ou d’Aunée (Inula helenium) activent l’hypophyse. Des preuves expérimentales existent pour la plupart des autres glandes endocrines.

Ainsi les huiles essentielles ont la capacité de moduler l’état fonctionnel du système neuro-endocrinien impliqué dans la régulation homéostatique et donc le terrain, le « bagage » de chacun d’entre nous.

Mais seul un praticien confirmé pourra utiliser, en fonction du contexte, et avec la plus grande prudence ces huiles essentielles susceptibles d’influencer le système endocrinien et d’agir puissamment sur le terrain. Il utilisera en outre des huiles intégrales, pures et naturelles.

 

Plaidoyer pour une médecine de demain…

Cette nouvelle médecine dite de terrain ou intégrative est à la fois novatrice (parce qu’elle se renouvelle sans cesse par de nouveaux apports) et ancienne (parce qu’elle puise dans une pratique empirique forgé au cours des siècles) dont l’intérêt pour soigner les maladies chroniques ou de civilisation (diabète lié à notre culture alimentaire dénaturée par exemple) n’est plus à démontrer.

Cette démarche n’est malheureusement pas assez prise en compte aujourd’hui par le corps médical et peu enseignée.

Comment expliquer cette réticence, cette suspicion voire se dénigrement ?
Par méconnaissance, par habitude à prescrire des traitements chimiques substitutifs, par manque de preuves étayées par des études scientifiques souvent coûteuses. Or seules les multinationales pharmaceutiques pourraient les financer. L’impact des lobbies est indéniable tandis que la Science continue souvent de faire fausse route et de tuer (30 000 morts aux États-Unis dus au Vioxx, antiinflammatoire prescrit au début du siècle et qui a généré en quelques années un CA astronomique lié à une campagne publicitaire mensongère auprès des prescripteurs).

 

Puisse la médecine de demain ne plus être qu’une science mais aussi un art, car tout praticien doit se souvenir qu’il ne traite pas une maladie mais une personne qui a une maladie et c’est toute la différence !

 

Cet article reprend les travaux de Michel Faucon dont il convient de lire attentivement le Traité d’aromathérapie scientifique et médicale aux Editions Sang de la Terre.


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3 réponses
  1. Pr S. Feye
    Pr S. Feye dit :

    Bonjour,
    Je vous signale à tout hasard que les Editions Beya (Belgique) publient des merveilleux ouvrages de Paracelse qui est trop peu connu. Le dernier en date est celui des Météores, traduit par mes soins.
    Cordialement.
    Pr Stéphane Feye
    Schola Nova (non soumise au décret inscriptions) – Humanités Gréco-Latines et Artistiques
    http://www.scholanova.be
    http://www.concertschola.be
    http://www.liberte-scolaire.com/…/schola-nova
    http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424052702303755504579207862529717146

    Répondre
    • Alina
      Alina dit :

      Bonjour et merci pour votre commentaire.
      Paracelse est effectivement une personnalité injustement méconnue, et les scientifiques et les philosophes actuels gagneraient à s’y intéresser de plus près. Et nous aussi d’ailleurs.

      Répondre

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