Giusto de Menabuoi

Huiles essentielles: comment et pourquoi les choses ont bougé?

Quand j’étais au siècle dernier sur les bancs de la faculté de Pharmacie, je suivais un enseignement de phytothérapie (l’aromathérapie était peu ou pas du tout abordée à l’époque) basée pour l’essentiel sur les relations structure/activité : à une structure chimiquement définie devait correspondre une activité thérapeutique donnée (d’où la notion de chémotype, encore aujourd’hui utilisée). L’étude de la biochimie des huiles essentielles a constitué une étape importante dans l’acquisition de nos connaissances au XXème siècle : il s’agissait face à des savoirs ancestraux souvent empiriques de faire la part des choses, de classifier, de simplifier, de sécuriser et de rassurer ainsi les prescripteurs.

Mais très vite, il s’est avéré que les huiles essentielles avaient des compositions chimiques très complexes rendant parfois difficile leur classification dans les différentes familles biochimiques. Peut-être avait-on, en voulant bien faire, trop simplifié : ainsi toutes les cétones ne présentent pas la même toxicité. L’activité antihistaminique de l’huile essentielle d’Estragon semblait être reliée à la présence d’une molécule identifiée comme le méthyl chavicol. Or, l’huile essentielle de Basilic en contient en proportion équivalente sans développer toutefois la moindre action antiallergique.

On commença alors à reparler de totum d’une plante, d’une huile essentielle. Autrement dit une huile essentielle est plus que la somme des parties (les molécules) qui la constituent. Ainsi, tenter de reproduire par synthèse en s’appliquant à ajouter dans les justes proportions la somme des molécules isolées qui la composent ne permet pas d’obtenir l’équivalent de l’huile essentielle intégrale et naturelle. Comme si cette huile essentielle de synthèse était « morte » par opposition à l’huile essentielle naturelle et intégrale que l’on pourrait qualifier de « vivante » parce qu’elle apporte quelque chose d’autre.

 

Quel est ce quelque chose, ce « plus » ?

À la fin du XXème siècle, on commença par admettre qu’une structure moléculaire active devait se concevoir dans les trois dimensions et qu’à ce titre elle agissait en se fixant sur des récepteurs biologiques stéréospécifiques situés à la surface des membranes des cellules ou des organites intracellulaires. L’environnement électrique des molécules actives entrait également en ligne de compte. On parla de potentiel énergétique des huiles essentielles sachant qu’elles sont positivantes ou négativantes par défaut ou excès d’électrons, autrement dit par leur capacité ou non à céder des électrons au milieu environnant. Mais on restait bien sagement au niveau moléculaire.

Il fallut attendre la toute fin du XXème et le début du XXIème siècle pour que s’annonce une révolution autrement plus dérangeante : celle de la rencontre de l’aromathérapie et de la physique quantique et que l’on commence à parler « d’information circulante ».

 

L’information circulante

Basiquement on peut dire que le rôle informationnel d’une huile essentielle passe par les arômes qui vont induire des réactions comportementales ou physiologiques par le biais d’une action directe au niveau du système limbique, court-circuitant ainsi le néocortex, siège de la volonté. Tout se passe donc en dehors de notre volonté, révélant ainsi le plus intime de notre être.

Mais qu’entend-on exactement par « information ? Pour mieux comprendre nous devons faire appel à nos connaissances en physique quantique, d’une part, et à la théorie de l’information et de la cybernétique.

La physique quantique enseigne que c’est par l’organisation et les relations particulières qui s’opèrent entre les matériaux atomiques de la matière vivante que celle-ci ajoute de l’information à la matière inerte.

La théorie de l’information et de la cybernétique fait comprendre que la structure de la matière vivante est l’ensemble des relations et organisations existant entre les différents éléments qui la composent. Ainsi, l’information circulante que le vivant ajoute à la matière inerte est une évolution, une complexification, depuis les particules élémentaires jusqu’à la pensée humaine.

L’information structure les êtres vivants, l’information circulante qui en découle est ensuite fonction du degré d’organisation de ces êtres vivants entretenant des échanges avec leur environnement.

Tous ces éléments mis bout à bout ont permis d’ouvrir une porte pour mieux comprendre le mécanisme d’action des huiles essentielles. Ainsi, l’activité d’une huile essentielle vivante résulte de sa capacité à transmettre l’information qu’elle a recueillie et qu’elle cherche à transmettre. Mais pourquoi cette volonté de transmettre ? Quelle est la spécificité du vivant, de la vie ?

 

La vie qu’est-ce que c’est ?

Résumons-nous : une huile essentielle a une réalité matérielle que l’on peut rattacher aux molécules qui entrent dans sa composition. C’est aussi le siège de vecteurs d’énergie transmettant des charges électroniques. C’est enfin un vecteur d’information : les arômes qui sont des messagers porteurs d’informations répulsives ou attractives, perçues au niveau limbique, fonction de son vécu ou de son bagage épigénétique.

Comment définir la matière vivante ? Si l’on se souvient du deuxième principe de la thermodynamique consciencieusement appris pendant les années de lycée, la matière vivante tend vers une entropie maximale c’est-à-dire le désordre, donc la maladie, la mort, la déstructuration. Sa structure complexe est toutefois maintenue par un apport constant d’énergie c’est-à-dire par les aliments. L’énergie alimentaire provient de la transformation de l’énergie des photons d’origine solaire (nous sommes bien les enfants des étoiles à plus d’un titre) par le processus de la photosynthèse. Sans photosynthèse, pas de vie. La photosynthèse paraît être le seul processus véritablement constructif luttant en permanence contre la tendance vers le désordre.

Nous avons vu dans un article précédent que les huiles essentielles constituaient pour les plantes une réserve énergétique capable de suppléer à la photosynthèse quand celle-ci est déficiente par temps couvert ou pluvieux. Les huiles essentielles constituent ainsi une réserve d’énergie tirée du soleil, hautement concentrée, une mémoire s’opposant à l’entropie qui nous menace.

Avouez qu’il devient difficile de regarder maintenant et de la même façon qu’un instant auparavant ce flacon d’huile essentielle que vous tenez dans la main et que vous vous apprêtez à inhaler.

L’huile essentielle, comme la vie, contribue à faire de l’ordre à partir du désordre du monde inanimé en transmettant l’information qu’elle renferme.

Les dernières recherches font apparaître que la façon dont l’information est recueillie par les êtres vivants varie selon leur degré d’organisation et que cela implique notamment des interactions entre le système endocrinien (les hormones) et les huiles essentielles. Mais cela est une autre histoire.

Cet article reprend les travaux de Michel Faucon dont il convient de lire le Traité d’aromathérapie scientifique et médicale.


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