Lemongrass : plaidoyer pour la préservation de notre patrimoine commun

L’histoire du Lemongrass

Une fois n’est pas coutume, l’idée d’écrire ces lignes m’est venue en lisant un article de presse relatant le travail effectué par une tribu indienne en Amazonie, les Matsés, qui a publié une encyclopédie de médecine traditionnelle afin de préserver leurs savoirs ancestraux. L’utilisation de ce savoir, pour peu que nous ne détruisions pas tout et avant qu’il ne soit trop tard permettrait sûrement d’apporter soulagement et bien-être aux hommes souffrant de ce que l’on appelle couramment les maladies de civilisation. Encore faut-il ne pas déposséder ces peuples premiers de leur science : les Matsés l’ont bien compris, les chamans ont rédigé une encyclopédie dans leur langue afin d’éviter tout risque de biopiratage. La biopiraterie est la privatisation du vivant et des savoirs traditionnels sur la biodiversité, notamment par le biais de brevets.

« Si nous laissons la planète perdre le sauvage, c’est pour nous humains une perte de valeur. » (Ralph Waldo Emerson)

Le rôle de l’ethnopharmacie est de mettre en évidence les propriétés des huiles essentielles qui pourraient entrer dans les protocoles de certaines maladies dites « de civilisation » en Occident ou être utilisées dans la prévention de celles-ci. Preuve une fois de plus que bien souvent la solution provient directement de la nature et des savoirs anciens et qu’on ne saurait s’en remettre exclusivement à la surenchère du tout chimique prônée par les multinationales pharmaceutiques relayées par les médias officiels. Tant il est vrai que notre avenir est lié à la préservation du patrimoine médicinale des « simples » sans spolier les communautés qui ont les premières découvert ces drogues.

Prenons l’exemple d’une plante possédant des propriétés antioxydantes et, selon des études récentes menées in vitro en laborantoire, anticancéreuses.

Usages du Lemongrass

CymboLemongrasspogon citratus, appelé communément Verveine de l’Inde de l’Ouest ou Lemongrass, est une citronnelle poussant en touffes denses de la famille des Poaceæ (anciennement Graminées) dégageant une odeur de citron. Les feuilles sont longuement effilées, réunies en gaine sur une certaine partie de leur longueur. La hampe florale se termine par des épis agglomérés et verdâtres. La partie souterraine est constituée par un rhizome. La plante peut atteindre 3 mètres de haut.

Ces grandes herbes exotiques poussent spontanément en Inde, en Malaisie, en Amérique du Sud ainsi qu’en Afrique notamment au Burkina-Faso.

Le Lemongrass est traditionnellement utilisée en infusion et en décoction pour ses propriétés sédatives pour le traitement des troubles nerveux. La plante possède des propriétés antispasmodiques, analgésiques, anti inflammatoires et antipyrétiques comme l’aspirine.

L’huile essentielle est obtenue par distillation à la vapeur d’eau des feuilles récoltées dans la matinée. Le rendement est variable en fonction de la saison. Sa composition est complexe. Des citrals (le géranial et le nérial), le bêta-pinène et le cis-géraniol sont les principaux constituants. La partie souterraine contient des terpènes, des cétones sesquiterpéniques. Sa composition est proche de celle de deux autres citronnelles : la citronnelle de Ceylan (Cympobogon nardus) et la citronnelle de Java (Cympobogon winterianus). Elle peut être irritante pour la peau, elle sera utilisée diluée dans une huile végétale.

L’huile essentielle est antiparasitaire, active dans la leishmaniose et la malaria, antiproliférative sur les différentes formes du Trypanosome. Elle est également insecticide.

Des études in vitro

Chacun sait que la production de radicaux libres est à l’origine du stress oxydatif. La production de radicaux libres est impliquée dans le processus normal de vieillissement. L’initiation et la progression du cancer sont associées au stress oxydatif en augmentant les mutations de l’ADN ou en induisant des dommages de l’ADN, l’instabilité du génome et la prolifération cellulaire. En effet, les cellules normales sont hypersensibles aux radicaux libres si elles ne sont pas suffisamment protégées par des mécanismes antioxydants et pouvant conduire à la formation de cancers.

Des études récentes sur l’huile essentielle de Lemongrass (chémotype trouvé au Burkina-Faso) ont démontré in vitro une activité anti radicalaire (c’est-à-dire antioxydante ou capacité à piéger les radicaux libres) liée à la présence de monoterpènes, anti-inflammatoire par inhibition de la lipoxygénase (confirmant l’usage traditionnel) et antiproliférative sur culture cellulaire sur des lignées cellulaires du cancer de la prostate. L’activité semble sélective vue la variabilité des effets antiprolifératifs des composés sue des cellules cancéreuses er des cellules non cancéreuses moins proliférantes.

En amont, en attendant de poursuivre l’élucidation du mécanisme d’action de l’huile essentielle contre le cancer de la prostate et le glioblastome et de préciser sa toxicité éventuelle et son activité sur d’autres lignées cellulaires de cancers, l’huile essentielle de Lemongrass pourrait être utilisée de façon préventive vis-à-vis de certaines formes de cancers. Mais le premier pas est fait, les études certes coûteuses et aléatoires doivent se poursuivre.

Prise de conscience
Ne restons pas indifférents, notre modernité a besoin non pas d’un simple savoir mais de sagesse au sens où l’entendaient les transcendantalistes américains du XIXème siècle. Thoreau et Emerson, très peu connus en France, prônaient en effet une forme de sagesse, d’éveil qui renvoie à la capacité d’écoute de la nature, de la vie, finalement de soi. Autrement dit, recentrons-nous et sortons de la « pensée unique » de nos sociétés industrielles avancées.

Pour éviter que le dernier d’entre nous ait à éteindre la lumière avant de disparaître…
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Petite bibliothèque de l’honnête homme :

Ralph Waldo Emerson : « La Confiance en soi »
Henry David Thoreau : « Walden ou la Désobéissance civile »